Le siège de Richepont

Kurôe, Entrepreneur du Marché Noir, Chef de sa faction, était au crépuscule de sa vie. Ses vieux os et muscles ne lui permirent plus de se déplacer. Ainsi séjourna-t-il dans le luxe de Richepont pour finir sa vie. Mais il lui resta encore une chose à faire. Alors, il convoqua sa fille, Murasaki, et son petit-fils, Shirôe, allongé qu'il était dans l'une des chambres les plus luxueuses du palais.

- Ma fille, Shirôe, mon heure est venue. Il ne se passera pas une année avant que je ne rende mon dernier souffle. Je laisse la guilde entre vos mains, puissiez-vous la faire prospérer et l'élever plus encore, pour le bien de notre famille.

- Il n'en sera autrement, père, répondit Murasaki d'un ton triste, mais déterminé, suivi d'adieux déchirants.

La faction maintenant entre leurs mains, mère et fils se lancèrent dans une entreprise bien plus grande encore que celle de Kurôe. Depuis quelques années le plan fut établi, et est maintenant prêt à être exécuté.

Murasaki appela leurs gens et fit passer le message à tous leurs partisans:

- C'est l'heure !
- Bien, Madame.

En effet, voilà bien trop longtemps que les marchands de Richepont sont passifs et que l'on ne voit plus la Princesse, devenue oisive, ce qui était pour déplaire aux héritiers de la Dynastie Tsubasa. Ainsi, puisque la royauté est soumise au vote public, ils prendront ce qui est à portée de main.

Les partisans de la famille, vingt mille hommes et femmes, émergèrent de la foule, des ruelles de la basse ville, de tous recoins sombres et oubliés, et s'en prirent aux gardes et dans le palais, précédés par Murasaki et Shirôe, à la garde royale.
Traversant les salles, toutes plus grandes les unes que les autres, décorées de meubles inutilisés, de plantes tropicales, de tissus et de toiles chacune plus belles que les précédentes, ils se dirigèrent vers les appartements de la régente.

Une fois devant la porte de la chambre, un servant fut forcé de l'ouvrir, ceci étant mieux que d'enfoncer une porte qu'il faudra soi-même faire réparer. Seul le fils et la mère entrèrent. Ils virent Margaery, allongée, apparemment accablée par la maladie. Ceci semblait être le cas pour toute la famille Waldorf, même pour la mère de Murasaki.

- Bonjour ma tante, lança-t-elle d'un ton mitigé entre mépris et pitié, je comprends pourquoi l'on ne vous voit ni ne vous entend à présent.
- Ma...nièce ? Que fais-tu ici avec tant d'hommes armés ? demanda Margaery, aussi alarmée qu'intriguée.

Ladite nièce s'avança alors vers la table de nuit de la Princesse régente et prit la couronne, posée là, dans ses mains.

- Dans votre état, je pense que ceci ne vous sera plus utile, lança-t-elle d'un sourire narquois et malsain.
- Impuissante, la Princesse déchue en devenir ne put se défendre qu'en paroles, choquée et contrariée; Quelle est cette félonie !
- ...La succession, Princesse.

Ainsi, les Tsubasa lui tournèrent le dos et s'en allèrent vers la place publique.

___

De la Lumière naît l'Ombre,
De l'Ombre surgit le Marché Noir.